Hervé est de ceux qui s’effacent devant la cause qu’ils défendent et ceux qu’il aide. Dans le local des Restos du cœur, le responsable du centre de Quimper nous reçoit avec humilité, en ne parlant pas de lui, mais de l’association à laquelle Coluche, son créateur, reste étroitement associée. « Le problème pour les gens, c’est de franchir le pas. C’est le couperet d’un constat d’échec et souvent les personnes qui entrent ici pour la première fois pleurent ».
L’antenne quimpéroise, située à Ty Douar, compte entre 1200 et 1500 inscrits. Et chaque semaine l’équivalent de 4500 repas sont distribués aux bénéficiaires. « Il y a quelques années, la période de distribution se situait en hiver, entre le 25 novembre et fin mars. Mais maintenant, on ouvre toute l’année », précise le responsable des Restos de Quimper à temps partiel, « car l’autre partie de mon temps, je la consacre à la Croix-Rouge, comme chef d’équipe maraude ».
« J’ai toujours aimé être en contact avec les autres »
Le public reçu ici, qui doit justifier de bas revenus**, se compose de travailleurs pauvres, « mais aussi de plus en plus de retraités et de jeunes », précise Hervé. Cet ancien médecin militaire à la retraite travaille au sein d’une équipe 96 bénévoles, « ce qui n’est pas énorme quand on sait qu’il faut 32 personnes pour une distribution, qui ont lieu trois fois par semaine ».
Pour ce bénévole depuis 2012, l’engagement s’est fait naturellement : « J’ai toujours aimé être en contact avec les autres. A la retraite, je voulais être actif et faire quelque chose qui me tenait à cœur. Car la distribution c’est bien, mais ça ne suffit pas. Ce que je dis toujours, c’est que donner trois pommes de terre, c’est formidable, mais avec le sourire, c’est mieux ».
« Je laisse la parole venir »
A chaque distribution, Hervé est là, pour les bénéficiaires, mais aussi pour les bénévoles. Un espace cafétéria gratuit est toujours ouvert après : « Je reste pour discuter, écouter, sans poser de questions. C’est pour moi aussi important que la distribution alimentaire » affirme-t-il avec douceur. « Quand j’en vois un qui n’est pas en forme, je m’assoie avec lui, je lui parle. Mais je ne fais jamais d’inquisition, je laisse la parole venir. C’est souvent moi qui introduis la parole, mais quand une personne ne veut pas parler, je la respecte. »
Un peu plus loin, des espaces dédiés aux habits, aux livres et aux articles pour enfants sont ouvert lors des distributions. Et sur rendez-vous, il y a un salon de coiffure. « On propose des coupes gratuites, classiques, pour un entretien par exemple. C’est important que quelqu’un vous touche. Souvent on voit entrer des personnes très nerveuses, qui ressortent détendues après leur coupe de cheveux. Nous recherchons d’ailleurs un coiffeur bénévole, le vendredi ». L’association accueille en effet des bénévoles toute l’année, qui sont formés et encadrés, pour venir en aide aux plus démunis.
* Pour favoriser le respect de sa vie privée, Hervé préfère ne pas diffuser son nom de famille.
** L’association calcule le reste à vivre d’une personne avant de l’inscrire pendant un an, jusqu’au 25 novembre de l’année d’après.