Site de l'Aber, dans la commune de Crozon.
Quel lien avez-vous avec le Finistère ?
J’ai été élevé à la pointe du Finistère. Mes parents sont venus à Douarnenez, quand j’avais 4 ans. J’y suis resté de l’école primaire au lycée. Ensuite je suis allé à l’université à Brest. J’ai fait ma thèse de troisième cycle au Laboratoire d’Arcachon à l’Université de Bordeaux, puis j’ai été recruté par le Cnexo, qui est devenu l’Ifremer, en 1985. J’y ai travaillé 20 ans sur les migrations des saumons. J’ai défendu ma thèse de doctorat d’Etat à l’UBO à Brest. Et puis en 1999, j’ai décidé de quitter la Bretagne pour devenir professeur à l’Université Pierre & Marie Curie et prendre la direction du Laboratoire Arago à Banyuls-sur-mer. J’étais arrivé au bout de ce que je pouvais faire à l’Ifremer.
Vous qui êtes le spécialiste de la biodiversité en France, pouvez-vous nous en donner une définition ?
Il y en a une plus compliquée et une très simple. La plus compliquée, c’est : l’ensemble de toutes les relations, que tous les êtres vivants, y compris les bactéries, ont établi entre eux et avec leur environnement. Pour avoir un résumé ultra simple, c’est la partie vivante de la nature. Dans le vivant, on a les bactéries, une seule cellule sans noyau - et nous êtres humains, sommes constitués d’au moins d’autant de bactéries que de cellules humaines -, les protistes, que l’on connaît bien en Bretagne, ce sont des grosses cellules à noyau, que sont par exemple les micro-algues marines ou les levures. Les trois autres sont les champignons, les plantes et les animaux. Tout ça c’est la biodiversité. Et dans les animaux, il y a l’humain.
Pourquoi faut-il aujourd’hui préserver la biodiversité ?
Pour une raison ultra simple : parce tous les humains, nous ne mangeons que de la biodiversité et au sein de notre organisation, nous ne coopérons qu’avec le vivant, avec la biodiversité.
Quels sont les enjeux en termes de biodiversité dans le Finistère ?
Ils sont très clairs. Le Finistère est un département qui est plutôt pauvre en espèces sauvages. Parce qu’on a subi les influences des grands glaciers, entre 30 et 19 000 ans. C’est pour ça qu’on beaucoup moins d’espèces que dans le sud de la France. Mais elles se réinstallent, elles reviennent. Aujourd’hui le problème de la Bretagne c’est son développement agronomique récent qui s’est développé sans aucune base agro-écologique.
Comment peut-on aujourd’hui préserver cette biodiversité ?
Arrêter de détruire, ça c’est fondamental, le littoral, les derniers morceaux de forêt. Arrêter de polluer. On a été parmi les plus gros usagers en Europe, en matière de pesticides et d’insecticides. Quel coût environnemental, c’est bien malheureux. Et tout ça arrive dans la mer. Ensuite, bien sûr, c’est une volonté humaine et politique, c’est tout. Cela peut changer. Moi j’y crois très fort. A mon avis, on y va.
Le Finistérien peut aussi agir aujourd’hui avec ses déchets et essayer d’en produire beaucoup moins qu’aujourd’hui. Qu’il contrôle le plastique. En Bretagne, vous avez un vrai effort à faire pour qu’aucun morceau de plastique n’arrive à l’océan. Tant qu’on rejettera du plastique dans la mer, le système ira mal. Ensuite il faut utiliser beaucoup moins de pesticides, d’herbicides, d’engrais. Une femme enceinte et les enfants ne devraient manger que bio. Mieux aider ce secteur est fondamental, là, il y a un effort à faire.