Matériel analogique, magnétos à bande... l'Eskal intègre un studio "à l'ancienne".
Pourquoi avez-vous choisi de créer des studios d’enregistrement, ici, à Ouessant ?
Je voulais faire un studio ici, parce que j’habite ici. J’ai fait un studio à l’ancienne, comme il ne s’en fait plus. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de grands studios. Nous on en a fait un, et en plus sur une île ! Avant, je n’avais jamais vraiment enregistré dans un studio, sauf pour Eusa (octobre 2016), qui est un album de piano solo que j’ai enregistré en studio, à Beyrouth. Mes albums, depuis 1997, je les ai fait, à la maison, à Ouessant. Mais pour mon dernier album, ALL (sorti en février 2019), c’est la première fois que j’enregistre dans un studio, du début jusqu’à la fin. On a mis un mois à mixer l’album, on a pris le temps de le faire dans un grand studio, derrière la console en haut. On a mixé tout le mois d’août. C’était génial, j’ai appris plein de choses ! C’était intense, à chaque moment. Inconsciemment, on prend moins de décisions avec le numérique, qu’avec l’analogique. C’est un luxe, car ça prend du temps. C’est un des rêves et un des buts de l’Eskal : de redonner du temps de studio, dans un studio à l’ancienne, avec du matériel analogique, avec une grosse console, avec des magnétos à bande… De refaire des albums avec ce temps de studio, qu’on a plus. Parce que les gens veulent tout retoucher jusqu’à la fin, ou parce qu’on a plus de budget.
L’Eskal est composée de studios et d’une salle de concert, comment les deux projets s’articulent-ils ?
Comme l’Eskal était en vente, évidemment ça ne pouvait pas être qu’un studio, avec les portes fermées. Parce l’Eskal, c’est l’ancienne discothèque de Ouessant. C’est donc un lieu où tout le monde a fait la fête et s’est rencontré. C’est un lieu qui appartient à Ouessant, aux Ouessantins.
On a donc lancé deux activités : de la location de studios d’enregistrement et une association avec des activités : concerts, résidences, ateliers, etc. Ce lieu comprend trois studios d’enregistrement et la salle de prise, qui est aussi la salle de concert, et dans laquelle on a une belle acoustique. On a réalisé un bardage bois asymétrique et on eu la surprise de voir que ça sonne super bien. J’adore le fait que ce lieu ait une identité. Même en jouant de la musique fort, on subit pas la réverbération, donc c’est idéal.
On aimerait faire des soirées thématiques, par exemple sur le métal ou l’électro : avec un concert et une conférence sur l’histoire de cette musique, et proposer un enregistrement ou des résidences aux groupes. On est partis avec l’idée que tout est possible, que l’on a tout à inventer, pour partager et faire une programmation avec des groupes qu’on aime. Emilie, ma femme, y donne aussi des cours de breton.
Vous avez appris justement le breton, pourquoi ce choix ?
J’ai appris le breton, il y a 4 - 5 ans maintenant. On a pris une année avec ma femme, en passant par Stumdi, pour ne se consacrer qu’au breton. En fait, j’ai toujours voulu le faire et puis souvent comme toutes les choses, on vieillit et on ne les a pas faites. C’est ma femme qui a impulsé ça, pour une belle raison : sa grand-mère, qui à la fin était atteinte d’Alzheimer, ne communiquait plus qu’en breton. Maintenant, on élève notre fils, le petit dernier en breton, à la maison. C’est une richesse incroyable. Et je pense que pour être bien dans sa peau, il faut savoir sa langue et connaître sa culture, quelle qu’elle soit ? C’est quelque chose de très important.